Que se passe-t-il dans notre corps pendant un jeûne ?

Comprendre le mécanisme du jeûne

Le jeûne consiste à faire passer le corps d’une alimentation externe à une alimentation interne, à s’adapter à l’absence temporaire de nourriture. Le processus se déroule en trois phases : le corps opère une double bascule métabolique, qui active les mécanismes d’autophagie et de nettoyage cellulaire. Ce processus est inscrit dans nos gènes et sans danger pour l’organisme.

Phase 1 – Le corps utilise les réserves immédiatement disponibles

Une fois le dernier repas pris et pendant quelques heures, le glucose, qui fournit l’énergie dont nos cellules ont besoin, est le carburant principal de l’organisme. Issu des glucides décomposés lors de la digestion, le glucose est habituellement stocké dans le foie et les muscles sous forme de glycogène : c’est la glycogenèse. Inversement, pendant le jeûne, en l’absence d’un apport nutritif extérieur, le foie libère le glycogène stocké pour maintenir le niveau de glucose dans le sang : c’est la glycogénolyse.

le foie stocke le glucose sous forme de glycogène

Les réserves de glycogène ne sont toutefois pas illimitées : le foie stocke environ 100 grammes de glycogène tandis que les muscles peuvent en emmagasiner 400 grammes. Or chaque jour, le corps consomme naturellement 200 grammes de glycogène, les réserves sont ainsi épuisées dans les premières heures de jeûne. Cela est d’autant plus rapide que l’on est actif physiquement, notamment en pratiquant la randonnée de manière quotidienne. Pour autant, l’activité physique est essentielle pour conserver la musculature et permettre une détoxification efficace. Passé cette première phase, l’organisme opère une adaptation métabolique pour utiliser d’autres sources d’énergie.

Dr Jacques rouillier
Témoignage

Interview

Dr Jacques Rouillier

Jeûner, c’est simplement choisir de ne pas s’alimenter pendant une période déterminée, avec quelques règles bien connues des accompagnateurs professionnels de la FFJR.

Notre organisme est naturellement capable de s’adapter à l’absence temporaire de nourriture. Au fur et à mesure qu’on s’éloigne du dernier repas, le corps va progressivement réduire son métabolisme, en mode « économie d’énergie », et maintenir la glycémie en puisant dans ses réserves. Il commence d’abord par le glycogène contenu dans le foie et les muscles. Dans une seconde phase qui démarre après 24 à 48 heures sans nourriture, l’organisme va adopter un métabolisme de croisière en puisant majoritairement son énergie dans les triglycérides du tissu adipeux. Cet ajustement métabolique naturel peut se poursuivre pendant plusieurs jours, jusqu’à une consommation d’environ 80 % des réserves d’énergie. A ce moment, il faudra se réalimenter posément, pour bénéficier des effets favorables d’un jeûne dont nous connaissons mieux aujourd’hui les mécanismes.

Phase 2 – La double bascule métabolique

Première bascule métabolique : la néoglucogenèse

Le foie ayant épuisé ses réserves en glycogène va désormais synthétiser du glucose à partir de deux sources :

Deuxième bascule métabolique : la cétogenèse

Pour continuer à se fournir en énergie, le foie commence à synthétiser du glucose à partir des acides gras stockés dans les triglycérides issus des tissus adipeux. C’est le mécanisme de la lipolyse :

À ce moment du jeûne, un phénomène d’acidose se produit habituellement : les corps cétoniques s’accumulent dans le sang et provoquent une acidification métabolique. On peut limiter cet effet indésirable par une supplémentation en minéraux (jus et bouillons), tel que le préconise le jeûne FFJR inspiré de la méthode Buchinger.

L’apport nutritionnel : une adaptation en douceur du corps au jeûne

Contrairement au jeûne hydrique (jeûne avec hydratation mais sans complémentation), qui est exigeant pour l’organisme et engendre de nombreux inconforts, le jeûne FFJR, inspiré de la méthode du docteur Buchinger, propose de supplémenter l’organisme en minéraux et en vitamines, en apportant moins de 250 kilocalories par jour, pour réduire les effets indésirables de la détoxification et permettre au corps de s’adapter en douceur au jeûne.

Phase 3 – Pancréas, glucagon et insuline

Dans cette dernière phase, l’utilisation des acides gras est stabilisée jusqu’à la fin du jeûne. Par ailleurs, le pancréas intervient en secrétant du glucagon dans le sang. C’est l’une des deux hormones produites par le pancréas :

Pendant le jeûne, la glycémie est basse, l’insuline aussi, ce qui est excellent pour la santé métabolique, et contribue à soigner le diabète.

Les accompagnateurs diplômés FFJR connaissent précisément ces trois phases métaboliques, ils sont là tout au long du jeûne pour permettre à chaque jeûneur de comprendre ce qui se passe dans son corps et fournir des conseils pour éviter les éventuels inconforts.

Tout au long du jeûne

Les 3 carburants du corps pendant le jeûne

Habituellement, le corps produit de l’énergie au moyen de trois carburants qui sont apportés par l’alimentation extérieure : les glucides, les protides et les lipides. Pendant le jeûne, le corps est privé d’apports extérieurs et commence alors à fabriquer lui-même ses propres carburants :

Le glucose

Toutes nos cellules utilisent le glucose pour produire de l’énergie. En effet, pendant la respiration cellulaire, une molécule de glucose est transformée en 30 molécules d’ATP (adénosine triphosphate) : le carburant de presque toutes les cellules du corps. Lorsque le glucose n’est pas fourni par un apport nutritif extérieur, le corps va puiser dans ses réserves de glucose : le glycogène stocké dans le foie et les muscles. Ces réserves s’épuisent généralement après 24 à 36 heures de jeûne. La néoglucogenèse prend alors le relais pour la fabrication du minimum de glucose nécessaire aux métabolismes cellulaires, à partir des triglycérides et de certains acides aminés.

Les corps cétoniques

Ces molécules énergétiques synthétisées par le foie à partir des acides gras lors de la cétogenèse constituent une source d’énergie performante et rentable pour l’organisme. En effet, les corps cétoniques consomment moins d’oxygène que le glucose et produisent moins de radicaux libres (i.e. des dérivés réactifs de l’oxygène). Les corps cétoniques permettent notamment d’alimenter les neurones pendant le jeûne.

Les acides gras

La dégradation des acides gras pendant la phase de cétogenèse qui intervient après environ 5 jours de jeûne fournit beaucoup d’énergie. Toutes les cellules pendant le jeûne peuvent produire des molécules d’ATP à partir des acides gras, sauf les cellules cérébrales.

Les indications temporelles peuvent varier selon l’organisme de la personne, le mode alimentaire habituel et la qualité de la descente alimentaire effectuée avant le jeûne. Certaines personnes arrivent en premier jour de jeûne et sont déjà en cétose !

Yoshinori Ohsumi, prix Nobel

En 2016, le professeur de biologie moléculaire Yoshinori Ohsumi reçoit le prix Nobel de physiologie et de médecine pour ses travaux sur l’autophagie.

Le processus de l’autophagie est découvert en 1963, mais ce n’est que trente ans plus tard que le biologiste japonais décrit ce mécanisme de régénération cellulaire. Ses expériences à partir de la levure de boulanger montrent que si ce mécanisme est perturbé, le risque de maladies graves est accru. Le jeûne, au contraire, active ce processus dans l’organisme et favorise ainsi son bon fonctionnement.

MLA style: Yoshinori Ohsumi – Photo gallery. NobelPrize.org. Nobel Prize Outreach AB 2023.

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